Dérive orientale (Locard) – L’Employé du Moi – 16,50€

Parution : 05/2013

Dés leur arrivée, Simon et Aillil sont frappés. Entre Orient et Occident, entre modernité et tradition, Istanbul offre en permanence un double visage aux reporters. Leur journal les a envoyés là pour réaliser un reportage dessiné qui vante la modernité de ce pays laïc. Simon, d’un pragmatisme bougon, ne le voit de cet œil et reste en toute chose circonspect. Aillil, le dessinateur, s’amuse de cette nouvelle aventure. D’autant que, dès le premier soir, ils sont abordés par l’inquiétant Abdlofaz, qui déploie force tours de passe-passe pour conduire les deux hommes dans l’ancienne citerne byzantine sous la basilique Sainte-Sophie. Ce lieu mystérieux est propice à la consommation d’alcool, d’opium et de haschisch, ainsi qu’à la fornication. La raideur morale de Simon est mise à l’épreuve mais le passé historique du lieu séduit indubitablement son intellect. Le jeune artiste revient souvent et succombe avec délice aux paradis artificiels et charnels. Le mystère et l’occulte se croisent pour déjouer les fils de la raison des deux compagnons.
Un album en noir et blanc qui sème le trouble et le mystère. Avec beaucoup d’efficacité et la volonté d’aller droit au but, Younn Locard interroge le lecteur et l’enveloppe de nombreux voiles de mystère. Il les retire les uns après les autres mais les suivants sont plus opaques et le doute est semé en permanence. A tel point que la fin est tout bonnement inattendue et tombe sur l’intrigue tel un couperet. Une bande dessinée occulte et historique qui trouve sa place dans les ouvrages qui relatent la vie de bohème des journalistes, des écrivains, des artistes de l’entre-deux-guerres, à la manière d’un Kerouac en Orient. La maison d’édition belge L’Employé du Moi signe un album de très bonne facture qui saura trouver sans difficulté un lectorat exigeant.
Un récit oriental de deux baroudeurs à la dérive.

Alain Lamourette



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